Accompagnement des Adultes Surdoués
Pour un accompagnement thérapeutique intégratif adapté à l’arborescence
Longtemps incompris et exclus de la clinique psychologique, les adultes surdoués (ou HP) sont de mieux en mieux compris et accueillis dans les consultations psychologiques et psychiatriques. Grâce à la littérature et internet, les demandes de consultations autour de ces questions par ailleurs sont devenues nombreuses. Pourtant, les confusions demeurent, les errances thérapeutiques sont encore fréquentes et les traitements souvent peu efficaces, laissant toute une frange de patients isolés ou en souffrance. Il est important de développer des prises en charge thérapeutiques adaptées à ces patients en quête de sens et de compréhension, de soi et des autres.
« La lucidité est la blessure la plus proche du soleil. » (René Char)
Être surdoué : une façon d’être au monde
La créativité est le produit direct de l’alchimie entre intelligence, lucidité et réceptivité émotionnelle. (Jeanne Siaud-Facchin)
Être surdoué n’est pas être quantitativement plus intelligent mais c’est fonctionner avec une intelligence qualitativement différente. Avec une hypersensibilité, une réactivité émotionnelle exacerbée, une réceptivité affective, une extrême empathie dont l’ampleur et l’intensité envahissent le champ de la pensée. L’ingérence affective est constante, qui s’associe avec d’immenses capacités de compréhension, d’analyse et de mémorisation qui créent cette lucidité aiguisée sur le monde. Penser trop et sans relâche, c’est aussi épuisant, sans compter l’absorption du monde soumise à une sensibilité perceptive et sensorielle aiguë, les pauses sont nécessaires pour « recharger les batteries ». Le cognitif et l’affectif, intimement intriqués, signent une personnalité atypique qu’il faut savoir comprendre et accepter, surtout dans sa différence et ses singularités. Le thérapeute est une personne ressource qu’on a testée, à qui on peut accorder sa confiance : les échanges et les progrès sont alors significatifs. Dans la réalité cognitive, les réseaux de neurones se sont activés à grande vitesse à l’insu de la conscience, ce qui ne permet pas d’en repérer le tracé, ni de les contrôler. La puissance de pensée crée une impuissance métacognitive : le surdoué ne sait pas pourquoi ni comment il sait. Sur un plan émotionnel, une vulnérabilité particulière de l’amygdale a été repérée et vient expliquer l’hyper réactivité émotionnelle. Le surdoué réagit avec une intensité exacerbée à la moindre vibration émotionnelle de l’environnement. L’hyperesthésie (capacité développée de l’ensemble des cinq sens) renforce cette hypersensibilité affective; toute perception est amplifiée, grossie, démultipliée. Le surdoué voit ce que les autres ne voient pas, entend ce que les autres ne perçoivent pas, ressent fortement et parfois violemment ce qui échappe à la plupart d’entre nous. La grande susceptibilité, retrouvée dans tous les profils de surdoués, est une des conséquences de ce processus neuropsychologique de sensibilité émotionnelle exacerbée et mal contrôlée. Les débordements émotionnels en sont la pleine expression.
Qu’est-ce que l’intelligence ?
C’est faire des liens, se saisir du monde (de manière perceptive). Les liens entre la sensibilité (à travers les sens) et la capacité de faire du lien avec sa réflexion sur le monde, en fonction de ce qu’on a appris. Plus l’intelligence est élevée (perceptive et cognitive), plus on se pose des questions et donc plus on doute, on remet en question, on demande des réponses absolues. Mais chaque réponse est un nouveau point de départ pour de nouvelles questions (« Plus on sait, moins on en sait » – Socrate). Il faut savoir que plus on a une intensité de penser, plus on doute du monde et de soi. D’où les questionnements existentiels qui émergent. Il y a une part lumineuse et une part plus sombre du doute et du questionnement. Saisir le moindre murmure du fonctionnement du monde, cela peut générer et entretenir des peurs et des angoisses. L’objectif est alors de retrouver une flexibilité dans le mode de penser, d’aller chercher des ressources de notre passé et de notre présent « pour pouvoir danser dans le monde » (Jeanne Siaud-Facchin).
Surdoué, haut potentiel… De quoi parle-t-on ?
Surdoué, Haut Quotient Intellectuel (HQI), Précoce, Enfant Intellectuellement Précoce (EIP), Haut Potentiel (HP), Haut Potentiel Intellectuel (HPI), « Zèbre », philo-cognitif… tous ces différents termes créent une confusion et on s’y perd, mais ils veulent tous dire la même chose. Le QI des bilans psychologiques n’est qu’un indicateur en réalité, ce qui est évalué ce sont les compétences cognitives, émotionnelles et intellectuelles. C’est une analyse des mécanismes et des procédures selon le mode de fonctionnement et de la personnalité. Être surdoué, c’est avant tout avoir un mode de fonctionnement spécifique. C’est l’intrication entre une puissance intellectuelle et une hypersensibilité/empathie. Le mode de fonctionnement et la personnalité sont différents de manière qualitative et non quantitative. C’est pour cela que les surdoués se sentent en décalage. Entre l’hyperactivation cérébrale, la sensibilité à fleur de peau, l’hyperadaptation, la quête identitaire, la pensée englobante et les questionnements existentiels… ils sont souvent frustrés et prostrés dans le monde dans lequel ils vivent, sans parler de l’ennui perpétuel, ils ont besoin d’être sur-stimulés. Ne supportant pas les personnes fausses, ils ont de nombreuses valeurs et cherchent l’intégrité autant que la simplicité. Parfois, leur très haute sensibilité les amène dans un repli cognitif, et ils sont plus aptes à faire des Burn Out dans le cadre professionnel. « Touche à tout », leur curiosité n’a pas de limites dans cette arborescence de pensées, ce qui les rend souvent incompris : « Tu ne finis rien de ce que tu fais ». Finir une tâche les stimule peu, ce qu’ils aiment surtout c’est la commencer, créer, découvrir, apprendre, s’interroger… Mais faire des hypothèses et des contre-hypothèses sème parfois le doute et nourrit l’anxiété. Qui suis-je ? Où vais-je ? À quoi tout cela sert-il ? Leurs questions identitaires et existentielles font qu’ils ont parfois besoin d’être écoutés et entendus dans un cadre thérapeutique, où ils n’ont pas besoin d’expliquer leur fonctionnement. Les échanges, la possibilité de poser toutes les questions, un travail sur la méta-cognition, sur les émotions et un travail sur les doutes/les choix permettent rapidement d’apporter un soutien thérapeutique adéquat aux personnes qui « pensent trop ».
Du cognitif à l’affectif, comprendre le cerveau du surdoué
L’hyperactivation cérébrale implique que les réseaux de neurones sont activés de façon continue et les phases de repos sont moins fréquentes et conservent un niveau d’activation a minima. Pour le surdoué, cela se traduit par cette sensation constante d’en avoir « plein la tête ». La vitesse de transmission accentue la sensation : électriquement, les informations sont transmises plus rapidement et vont être distribuées dans le cerveau sur un mode multispatial : toutes les aires cérébrales prennent en charge l’information, quelle qu’en soit la nature. L’information n’est pas traitée par la zone spécifique habituellement impliquée. Ce qui génère une vision holistique de toute information mais complique la possibilité de focaliser l’attention sur l’information pertinente et le traitement séquentiel de l’information. La pensée se déploie en arborescence et à très grande vitesse. Sans interruption. Sans hiérarchie des données perçues simultanément par l’ensemble des sens. La transcription de la pensée en mot est rendue plus difficile, la structuration verbale est fragilisée, les images deviennent dominantes. Il est souvent bien en difficulté pour expliciter les étapes de sa pensée. Il n’a pas, lui-même, de visibilité sur ses propres mécanismes de résolution de problème ou de réflexion. Il ne peut pas, il ne sait pas les justifier. Mécanismes à l’origine de bien des incompréhensions réciproques.
Des caractéristiques cognitives et affectives différentes
- Hyperactivation cérébrale
- Vitesse de transmission et collaboration hémisphérique
- Déploiement de la pensée
- Hypersensibilité émotionnelle
- Intelligence perceptive
- Procrastination, anxiété
- Hyper-empathie
- Désir d’autonomie
- Questionnements existentiels (le vide, le sens, la liberté, la mort…)
- Lucidité
- Remise en question de l’autorité
- Intolérance à l’injustice
- Créativité, intuition
- Sentiment de décalage
- Hyperadaptation
- Questionnement identitaire
- Faible résistance à l’ennui
Quels tests ?
La WAIS (Wechsler Adult Intelligence Scale) de 16 à 89 ans : pour l’intelligence et le fonctionnement intellectuel. Comme les autres échelles d’intelligence de Wechsler, sa forme est révisée et actualisée environ tous les 10 ans. Lorsque l’on passe une WAIS, il faut toujours s’assurer que la version utilisée est celle en vigueur au moment de la passation au risque de résultats qui perdent toute fiabilité.
Les matrices de Cattell, la figure de Rey, le D 48 : pour enrichir la compréhension du fonctionnement intellectuel selon les objectifs poursuivis par le bilan
Les tests dits projectifs comme le test Z (développé par Zullinger) mais principalement le Rorschach
Attention : Un diagnostic est une démarche clinique complexe, aucun diagnostic ne peut être posé sur la valeur d’un simple indice. Un bilan est une démarche dynamique qui s’ajuste à chacun. Un chiffre de QI n’est pas un diagnostic, c’est un indice qui oriente le diagnostic, lui-même étant la synthèse de l’expertise du clinicien, fruit de son professionnalisme et de son expérience, dans la rencontre avec son patient.
Objectifs thérapeutiques
- Travailler les incidences positives et négatives de son mode de fonctionnement
- Appréhender les problématiques psychologiques dans la vie quotidienne
- Comprendre ses caractéristiques cognitives et affectives
- Flexibiliser son fonctionnement et développer des stratégies alternatives
- Apprendre à développer ses ressources et ses forces de vie à travers ses spécificités
- Accéder à une meilleure compréhension de son propre fonctionnement
- Être accompagné dans sa vie et sa quête existentielle
- Aider à devenir qui on est et pas qui on devrait être
Association MENSA
Mensa est une association de personnes à haut potentiel intellectuel qui permet l’épanouissement au sein d’une communauté chaleureuse et stimulante.
Mensa, « The High IQ Society »
Mensa est un club international de personnes ayant un résultat dans les 2 % supérieurs de la population à un test d’intelligence générale fondé à Oxford en 1946, qui a depuis essaimé dans une centaine de pays et compte plus de 140 000 membres dans le monde.
« Mensa » trouve son origine au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et repose sur un idéal de paix mondiale, indispensable au progrès dans tous les domaines et à son partage dans la société. Le nom Mensa, d’origine latine, évoque la table (mensa) de négociation et de convivialité (les commensaux), mais aussi l’esprit (mens, comme dans « mens sana in corpore sano ») et l’humanisme (men).
Plus d’informations sur l’association Mensa : cliquer ici