Accompagnement des parcours de migration traumatiques
Prendre conscience des enjeux et capacités engagés par ce voyage
Le parcours de migration
La migration engage un mouvement de l’individu vers l’extérieur de son pays, de ses racines, et de soi, pour aller vers l’intérieur d’un autre mode de vie. Les causes sont multiples et multiformes: familiales, économiques, politiques, naturelles, éducationnelles, psychologiques, institutionnelles, etc.
Ces parcours ont pu être vécus par les parents, les grands-parents et pourtant laisser la marque du traumatisme sur les générations suivantes. Des phénomènes de silences, de secrets de famille, de déni sont le reflet des souffrances vécues par celles et ceux qui sont éloignées de leurs terres et qui n’ont pu faire autrement pour continuer à avancer. Ces transmissions transgénérationnelles sont toute aussi importantes à prendre en compte pour remettre du lien dans son histoire familiale et sa propre histoire de vie.
Quels sont les effets psychologiques de la migration traumatique ?
Quitter son pays d’origine ou un pays d’accueil pour des terres inconnues implique plusieurs ruptures. On s’éloigne de sa langue, de ses ancrages familiaux, amicaux, professionnels, traditionnels, culturels, religieux, etc. Lorsqu’à cette distance s’ajoutent des impératifs de réussite pour respecter les promesses formulées, pour dépasser des traumatismes familiaux, pour « faire mieux qu’eux », « respecter la volonté de » ou répondre à des urgences économiques, climatiques, ou de survie, on peut s’interroger sur les bases encore existantes de notre identité et sur ce qui nous constitue en tant que femme ou qu’homme.
Si la migration peut être choisie, désirée par l’individu, elle peut aussi être vécue avec ambivalence, doute, et elle peut aller jusqu’à se révéler traumatisante dans la rupture qu’elle engage entre un avant et un après dans la vie du sujet. Loin de l’idéal qu’il/elle s’était imaginé.e, ce mouvement demande une énergie et des ressources internes et externes qui peuvent être difficiles à identifier. Il peut devenir complexe de mettre des mots sur ces expériences.
Quand la migration est contrainte, pour sa survie et parfois pour celle de son entourage, cela peut également être vécu comme un bouleversement et donner lieu à l’installation d’un état dépressif et/ou d’un état de stress post-traumatique, majorés dans de nombreux cas par l’isolement et parfois la précarité.
Un sentiment de honte et de culpabilité peut progressivement envahir notre vie devant ces difficultés, et des manifestations de douleurs corporelles peuvent également surgir lorsque l’esprit se trouve débordé et ne trouve plus de mots pour s’exprimer.
Comment se déroule l’accompagnement ?
Toutes les migrations ne donnent pas forcément lieu à un traumatisme majeur qui entrave le développement de la personnalité. Un des travers les plus rencontrés dans l’analyse et les accompagnements dans des contextes de migration, est d’utiliser une généralisation abusive qui ne définit le migrant que par sa différence ou son identité culturelle. Or, chaque parcours est spécifique et l’élaboration de cette particularité est précieuse.
L’accompagnement des parcours d’immigration et d’exils traumatiques s’appuie sur la construction d’une alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute dans un premier temps. Le cadre bienveillant et non jugeant offre la possibilité au patient de reprendre son parcours d’immigration ou d’exil, oui celui de sa famille, avec le thérapeute, en abordant ses représentations de sa souffrance en lien avec ses référents culturels, et les différents enjeux engagés par ce voyage.
Il s’agit donc de remettre du lien avec vous-même, pour remettre du sens et des mots entre votre passé et votre présent, et prendre conscience de toutes les compétences développées dans ce parcours.