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Téléconsultations Thérapies en Ligne pour expatriés

Des cyberthérapies à travers le monde pour une psychologie pour tous

Vivre à l’étranger c’est s’immerger dans une autre culture. Cette plongée dans un milieu socio-culturel différent pour être source de stress et parfois de solitude. L’expérience d’expatriation peut également susciter des questionnements existentiels tant les valeurs personnelles peuvent être remises en cause par la confrontation aux valeurs et coutumes du pays d’accueil. Pouvoir bénéficier d’une prise en charge thérapeutique dans sa langue natale (que ce soit en français ou en anglais) offre la possibilité de créer une continuité entre ce que l’on a été et ce que l’on est en train de devenir par l’appropriation d’une langue et d’une culture étrangère.

« Dépression des expatriés : j’ai découvert cette expression en cherchant sur Google ce qui pouvait bien m’arriver. Depuis mon arrivée à Istanbul, je sentais ma confiance en moi, mon optimisme et mon énergie m’abandonner au fil des mois. Jour après jour, je m’éloignais physiquement et affectivement du pays plein de vie où j’avais choisi de m’installer. » (Témoignage, le courrier des expats, novembre 2020).

L’expatriation est une expérience de plus en plus fréquente. Plusieurs raisons peuvent amener une personne à s’expatrier : pour certains, il s’agit d’une aventure personnelle où l’on va chercher à éprouver ses capacités d’adaptation, s’éprouver dans un milieu différent, découvrir ce que l’on est capable de réaliser et connaitre ses limites dans d’autres contextes. Dans ce cas, l’expatriation peut engendrer une transformation de soi.  S’expatrier peut également être un moyen de recommencer quelque chose de nouveau, de s’éloigner de certaines relations familiales ou intimes difficiles, voire toxiques. Parfois la décision de s’expatrier est fortement influencée par la vie professionnelle et n’est pas nécessairement un choix propre.

L’expatriation est une aventure excitante et riche mais qui peut impliquer un certain nombre de difficultés. Selon une enquête conduite en 2012 auprès de 350 expatriés, les principales difficultés rencontrées par les expatriés sont : l’éloignement familial et amical, le changement de cadre ou d’activité professionnelle, de possibles difficultés financières, un système de santé moins accessible (non adapté, éloigné ou inexistant), des difficultés à faire scolariser ses enfants, un changement de régime alimentaire, un changement possible de conditions météorologiques.  Les changements sensoriels (nouvelles odeurs, nouvelles températures) peuvent aussi être déstabilisants. Or lorsque les besoins de base (s’alimenter, dormir, se soigner…) ne sont pas satisfaits cela peut ébranler le sentiment de sécurité ontologique (continuité de l’identité et constance de l’environnement social et matériel).

Le terme « expatrié » signifie « loin de patrie (exo- patrida). Le terme « patrida » peut également signifier le « père » en grec. L’étymologie du terme renvoie déjà à ce qui a de plus intime dans l’histoire d’une personne. Au-delà des changements d’ordre de pratique, l’expérience d’expatriation suscite un certain nombre de défis psychologiques, impliquant des transformations dans toutes les sphères de la vie.  Être dans une autre langue que sa langue maternelle, être dans un processus continuel de traduction peut engendrer de la fatigue mentale. De plus, dans toute traduction, il y a un reste intraduit, une partie de la subtilité de la langue maternelle qui ne peut être communiquer, ce qui peut ébranler les assises identitaires, voir entrainer une certaine errance identitaire.

Des difficultés de communication, une impossibilité à se partager peut abimer l’estime de soi et la confiance en soi.  Il peut être parfois difficile pour la personne expatriée de partager son vécu avec les proches de son pays natal. Dire à ses proches que l’on rencontre des difficultés peut être perçu comme un constat d’échec ou une faiblesse par rapport à l’investissement que représente l’expatriation. Il peut être tout aussi difficile d’en parler avec les personnes rencontrées dans le pays d’accueil ce qui peut créer un important sentiment de solitude. L’expatriation n’est pas l’immigration. Dans l’expérience de l’immigration les personnes se préparent à rester dans le pays d’accueil, alors que l’expatrié sait qu’il y a un retour qu’il se fasse au bout de quelques mois ou après plusieurs années. En ce sens, il est également difficile pour l’expatrié de créer des relations en profondeur lorsque l’on sait que ces dernières ont une « date de péremption certaine ». S’isoler peut-être aussi un moyen d’éviter la peine que pourra provoquer la séparation avec les amis fait dans le pays d’accueil.

Les phases de l’expatriation 

Ces difficultés peuvent apparaître particulièrement à la fin de la période de lune de miel (euphorie de l’arrivée, période de découverte du pays), lorsque la personne en situation d’expatriation prend conscience des réalités du pays d’accueil. Cette prise de conscience peut entrainer une certaine désillusion, accompagner de certaines inconfort psychologique et émotionnel (tristesse, perte d’enthousiasme, apathie, craintes, anxiété, fatigue, difficultés à prendre des décisions, difficultés de concentration, irritabilité, perte de repères, stress) et de symptômes psychosomatiques (troubles digestifs, troubles alimentaires, troubles du sommeil, problèmes dermatologiques). Certaines personnes peuvent être confrontées à un véritable choc culturel engendrant l’apparition de troubles psychologiques plus importants : Burn-out, dépression, trouble anxieux (avec la présence de crises d’angoisse), présence de conduites addictives (alcool, drogues, médicaments), possible vécu de dépersonnalisation (sensation de perte de soi) ou dans de rares cas, des décompensations psychologiques pouvant être causées par des conduites addictives ou bien étant révélateur des troubles psychiatriques pré-existants. L’expatriation peut également réactiver des problématiques de séparation ou des deuils antérieurs. Elle peut aussi, chez certaines personnes, réveiller des problématiques d’abandon (par exemple : comment continuer à prendre une place dans sa famille, son cercle d’amis lorsque l’on est géographiquement éloigné ?)

La phase de prise de conscience est une étape clé de l’expatriation, durant laquelle l’expatrié fait face aux valeurs et réalités du pays d’accueil. Si l’expatrié arrive avoir à prendre en considération les réalités du pays dans lequel il vit, alors il pourra mobiliser des ressources adaptatives pour mettre en place des projets et s’épanouir dans le pays d’accueil. Cette adaptation implique que le sujet possède une déjà une bonne estime, une confiance en lui-même et en ses capacités. Le cas échéant, un accompagnement psychologique pourra permettre à la personne de développer ces aspects. D’autres peuvent adopter des conduites d’hyper adaptation et/ou d’hyperactivité non productive, parfois sous-tendues par la culpabilité de transformer une opportunité en échec, ce qui peut être épuisant sur un plan psychique.

Dans certains cas rares, des décompensations psychologiques peuvent se produire. Dans ce cas, il est impératif que la personne en situation d’expatriation puisse bénéficier d’une prise en charge dans le pays d’accueil avant de pouvoir rentrer dans son pays natal. Il est nécessaire que l’expatrié puisse bénéficier d’une prise en charge psychologique avant, pendant et après son expatriation afin de prévenir l’apparition de symptômes psychologiques ou d’accompagner la personne à travers les difficultés rencontrées.

L’expatriation du conjoint (e) eut être aussi difficile, puisqu’il ne s’agit pas d’une décision personnelle, ne peut pas développer autant de relations (s’il ne travaille pas). On retrouve chez les conjoints (es) les mêmes risques psychologiques et plus grande probabilité de souffrir d’isolement.

Les difficultés liées à l’impatriation

« Lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient étranger en son pays » (Descartes)

Le retour en terre natale ou l’impatriation comporte également des enjeux psychologiques importants. Si l’expatriation à durer un certain nombre d’années, alors un processus d’inculturation aura été amorcé. L’inculturation est le « processus de contacts et d’interprétation entre culture différentes » (Maderne, 1995). Lors de ce processus, l’expatrié créé de nouvelles références et de nouvelles valeurs en fonction de son expérience dans le pays d’accueil.  L’expatrié revient dans son pays natal riche de cette expérience. Mais il peut aussi être tiraillé entre les valeurs de son pays natal et ce que le pays d’accueil a transformé en lui.

Souvent la personne qui est partie n’est pas la personne qui revient. Cette différence peut générer, ici aussi, un certain inconfort psychologique. Un écart de valeurs peut se créer avec les proches, pouvant impacter l’estime de soi et la confiance en soi de l’impatrié. Des adaptations de type « faux-self » peuvent apparaitre. La personne essaie de s’adapter au discours social ambiant en cachant la partie de leur expérience qui est en dissonance avec leur environnement natal, ce que peut engendrer certaines répercussions sociales et symptômes psychologiques (isolement, perte de confiance en soi, difficulté à se projeter dans le futur, fatigue, anxiété, dépression, conduites addictives, deuil de certaines relations …)

Il est difficile pour certains de partager de leurs ressentis négatifs à leur retour ayant conscience d’avoir vécu une expérience particulièrement riche et potentiellement enviée. Cette difficulté de partage d’expériences et d’identification peut créer une certaine errance identitaire. L’expatrié se sent étranger dans le pays d’accueil et impatrié, il se sent étranger dans son pays natal. Dès lors, il n’est pas rare d’observer chez les expatriés une difficulté à s’installer dans un pays en particulier, avec l’apparition d’un besoin de changer de pays au bout d’un ou deux ans pour casser la monotonie et ressentir à nouveau l’excitation liée à l’expérience d’expatriation.

Il semble donc aussi nécessaire d’accompagner psychologiquement les personnes en situation d’expatriation avant, pendant et après leur expérience. 

Dossier

  • Le petit journal | « Expat blues : quand expatriation rime avec dépression »
  • Gillingham F. Anticipate the psychologic effects of expatriate life.
  • Stewart L, Leggat PA. Culture shock and travelers. J Travel Med 1998;5:84-8.
  • Eytan A, Loutan L. Voyages et problèmes psychiatriques. Rev Med Suisse 2006;2:1251-5.
  • Perone S.A, , van Beerendonk H., , Avril J., , Bise G.,  Loutan L, Stress et santé mentale chez les expatriés. Rev Med Suisse 2008; volume 4. 1206-1211

Expatriation et crise sanitaire du Covid 19

 

Suite à la crise sanitaire du Covid -19 certaines personnes se sont retrouvées bloquées dans leur pays d’accueil. C’est une chose d’être en expatriation et de savoir que certains amis, parents du pays d’origine peuvent venir vous visiter, s’en est une autre d’être physiquement coupé de ces relations. Pour d’autres, la crise sanitaire a entrainé le retour anticipé de certains expatriés, qui doivent se reconstruire dans le pays d’origine sans pouvoir utiliser leurs stratégies d’adaptation traditionnelles (sortir, faire des activités, travailler…). Les difficultés rencontrées lors de l’expatriation et de l’impatriation sont alors majorées par la crise sanitaire.