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Addictions

Pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères

Comprendre les addictions

L’addiction est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…) qui conduit à : 

  • une perte de contrôle du niveau de consommation/pratique
  • une modification de l’équilibre émotionnel
  • des troubles d’ordre médical
  • des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale

Les addictions les plus fréquentes sont celles relatives aux substances psychoactives réglementées (tabac, alcool…), détournées de leur usage (médicaments, poppers, colles, solvants…) ou illicites (cannabis, cocaïne, ecstasy…). Régulièrement, d’autres substances à potentiel addictif émergent, comme le protoxyde d’azote contenu dans les cartouches de siphons à chantilly ou de nouveaux produits de synthèse (MDMA, cathinones…). Toutes provoquent un effet immédiat sur les perceptions, l’humeur et le comportement, à un degré variable, et exposent à un risque de dépendance plus ou moins rapide et plus ou moins sévère. 

Un diagnostic & DSM-5

Le diagnostic de l’addiction (ou dépendance) repose sur des critères bien définis, fixés par des instances internationales de santé mentale et répertoriés dans un manuel, le Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders (DSM). Parmi ces critères, on trouve la perte de contrôle de soi, l’interférence de la consommation sur les activités scolaires ou professionnelles, ou encore la poursuite de la consommation malgré la prise de conscience des troubles qu’elle engendre. Un sujet est considéré comme souffrant d’une addiction quand il présente ou a présenté, au cours des 12 derniers mois, au moins deux des onze critères suivants : 

  • Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer (craving)
  • Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu
  • Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou au jeu
  • Augmentation de la tolérance au produit addictif
  • Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu
  • Incapacité de remplir des obligations importantes
  • Usage même lorsqu’il y a un risque physique
  • Problèmes personnels ou sociaux
  • Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
  • Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu
  • Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques

L’addiction est qualifiée de faible si 2 à 3 critères sont satisfaits, modérée pour 4 à 5 critères et sévère pour 6 critères et plus. 

Les experts du DSM ne recensent comme addiction que les dépendances aux substances et celle aux jeux vidéo et d’argent. Les usages intensifs de smartphone, l’hyperactivité sexuelle ou professionnelle ne sont pas, à ce jour, considérés comme d’authentiques addictions car on ne dispose pas de données scientifiques convaincantes en ce sens. 

Quels chiffres ?

Prises globalement, les addictions concernent plusieurs millions de personnes en France. Ainsi, selon l’Office français des dépendances et toxicomanies (OFDT), 8% de la population adulte présenterait un risque chronique d’addiction à l’alcool (2014) et un quart (27%) une addiction au tabac (2019). L’usage problématique ou la dépendance au cannabis concernerait 7% des adolescents de 17 ans et 3% des 18–64 ans. Par ailleurs, l’usage régulier de cocaïne, freebase ou crack concernerait 1,6% des adultes français. Les usagers problématiques de drogues, toutes substances illicites confondues, seraient 350 000 en France, parmi lesquels environ un tiers rapporte avoir pratiqué une injection intraveineuse au cours de l’année écoulée (données 2019). 

Concernant les addictions liées à des pratiques, comme les jeux d’argent, les jeux vidéo, le sexe, les réseaux sociaux ou encore les achats compulsifs, les statistiques sont moins nombreuses nécessitent d’être mieux connues. On sait cependant qu’environ une personne sur dix qui participent à des jeux de hasard ou d’argent en ligne a une pratique à risque modéré ou est un joueur excessif (2017). Pour les autres pratiques à risque, les chiffres sont plus disparates (source : Inserm). 

De la consommation à l’addiction : des facteurs de risque multiples

La survenue d’une addiction repose sur trois composantes : l’individu, le produit et l’environnement.

Des facteurs individuels

L’âge, le sexe, la maturité cérébrale, la personnalité et l’humeur d’un individu jouent un rôle important sur son risque individuel d’addiction. L’initiation précoce et le sexe masculin constituent des vulnérabilités spécifiques. Ainsi, commencer à consommer de l’alcool au début de l’adolescence multiplie par dix le risque de devenir alcoolo-dépendant à l’âge adulte, par rapport à une initiation plus tardive vers l’âge de 20 ans. Les personnes anxieuses, au caractère introverti, ou encore avec une tendance dépressive, ont un risque accru de dépendance, tout comme celles avides de sensations fortes. 

Sur le plan neurobiologique, le niveau d’activité des neurotransmetteurs qui régissent notre fonctionnement et notre comportement peut varier d’un individu à l’autre et constituer chez certains une vulnérabilité vis-à-vis du risque d’addiction. Des perturbations des systèmes dopaminergique (impliqué dans le circuit de la récompense), cannabinoïde (homéostasie cellulaire) ou sérotoninergique (humeur), notamment, sont associées à une telle vulnérabilité. Cette disparité neurobiologique repose principalement sur des facteurs génétiques. Les gènes influençant le métabolisme des drogues (et donc leur disponibilité dans l’organisme) et ceux intervenant dans le mécanisme de neurotransmission du circuit de la récompense seraient par exemple impliqués. Ainsi, l’allèle A1 du gène du récepteur à la dopamine (DRD2) constituerait un facteur de risque d’addiction, via la « recherche d’expériences » au sens large et des comportements impulsifs ou compulsifs. 

Des variations génétiques expliquent aussi en partie la variabilité des effets ressentis par chacun face à une même drogue. Elles peuvent être favorables à l’émergence d’une addiction. Des consommations associées à des sensations agréables et des effets positifs sur le fonctionnement psychique (désinhibition, oubli des problèmes, amélioration des performances…) sont en effet une incitation à renouveler l’expérience. Il en est de même en cas de tolérance spontanée élevée à une substance, avec des effets positifs et modérés. 

Des produits/pratiques au potentiel addictif variable

Du côté du produit, l’addiction peut s’installer plus ou moins rapidement : après une ou quelques prises (crack, cocaïne…), plus progressivement, voire très lentement (alcool, jeux…). Tout dépend du potentiel addictif de la substance ou de la pratique, qui dépend lui-même de la nature et de l’intensité de son interaction avec les neurotransmetteurs. Le tabac, puis l’héroïne, la cocaïne ou l’alcool sont ainsi les produits les plus à risque et dont la consommation problématique est la plus fréquente. Concernant les jeux vidéo, ceux « en réseau », notamment en mode multi-joueurs, sont réputés plus addictogènes que les autres. 

Des facteurs environnementaux

Enfin, l’influence de l’environnement (stress, contexte social et amical, présence de troubles psychiques…) est aussi déterminante. Par exemple, le principal facteur de risque de dépendance au tabac est d’avoir grandi au sein d’un foyer de fumeurs facilitant l’accès au tabac. De même que l’addiction au cannabis est fortement associée au fait d’avoir eu des amis fumeurs au moment de l’adolescence (source : Inserm).

Un état émotionnel négatif

 

Le second stade est celui où le taux de dopamine libéré à chaque consommation diminue progressivement, rendant le circuit de la récompense beaucoup moins sensible à toutes les molécules qui le stimulent habituellement. Par ailleurs, les décharges répétées de dopamine conduisent à une modification du fonctionnement de l’amygdale cérébrale, rendant l’individu plus stressé, avec des émotions plus négatives (dysphorie). Aussi, ce qui apportaient du plaisir au quotidien devient moins motivants et seule un accroissement de la dose de substance consommée (ou du temps de pratique) peut à la fois satisfaire le circuit de la récompense et soulager de la dysphorie. A ce stade, la consommation ou la pratique excessive vise donc à sortir d’un état émotionnel négatif, et non plus à prendre du plaisir. Cette phase est en outre associée à une perte progressive de la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité des neurones à se réorganiser entre eux pour intégrer de nouvelles données (source : Inserm). 

La perte de contrôle

Durant le troisième stade, l’altération des circuits de la récompense et des émotions est telle que des processus contrôlés par le cortex préfrontal sont modifiés : il s’agit notamment des capacités d’autorégulation, de la prise de décision ou de la capacité à résister aux envies de consommer. Ce stade de perte de contrôle (ou craving) explique les rechutes répétées, même lorsque le désir d’arrêter est sincère. 

L’observation par imagerie (IRM ou PET-Scan) du cerveau de personnes dépendantes montre notamment une diminution des flux sanguins, une hypoactivation des régions corticales frontales et une hyperactivation des régions impliquées dans la motivation, la mémoire, le conditionnement et les émotions. Mais il n’est pas clairement établi si cette dérégulation fonctionnelle est une prédisposition qui précède le développement de l’addiction, ou si elle résulte simplement de la consommation chronique de drogue. Des études menées auprès de personnes dépendantes de pratiques montrent que les phénomènes cérébraux impliqués sont similaires à ceux observés chez les individus dépendants de substances psychoactives. Ce type d’analyse reste néanmoins compliquées par le fait que les personnes qui ont une addiction consomment souvent plusieurs substances, ce qui rend l’interprétation des modifications observées délicates (source : Inserm).