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Soutien et accompagnement

des fratries d’enfants

porteurs de TSA

Pour une prise en charge thérapeutique adaptée et intégrative

Fratrie et Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA)

Les relations fraternelles et a fortiori leurs interactions ont une influence sur le développement social, affectif, moral et cognitif des membres de la fratrie (HOWE, 2015). Howe explique que « Les bienfaits d’une relation fraternelle chaleureuse et positive peuvent durer toute la vie, alors que des relations précoces plus difficiles peuvent être associées à des conséquences développementales négatives. » (HOWE, 2015).

Quand la fratrie comprend un enfant porteur de handicap, «le processus d’identification à l’autre peut renvoyer à l’enfant l’image d’un autre «différent» qui n’a rien de semblable, ou peut être source d’angoisse et de questionnement sur lui-même, sur sa propre identité. Cependant cette différence peut aussi être créatrice d’une alliance fraternelle, car « il est important dans les fratries (et d’autant plus dans les fratries nombreuses), de véhiculer une bonne image d’elle-même.» (MEYNCKENS-FOUREZ, 2007)

Certains sentiments négatifs (jalousie, rivalité́, agressivité), peuvent être ressentis envers le frère ou la sœur porteur de handicap. Ceci peut avoir tendance à être inhibés ou au contraire, les gestes violents à l’égard de pairs plus handicapés peuvent aussi traduire la peur de leur ressembler. L’approche analytique explique que quand cette pulsion d’agressivité est refoulée, elle peut se retourner contre la personne en entrainant un sentiment d’angoisse ou de culpabilité. L’enfant aura tendance à être trop sage, trop calme, distrait, timide, affectueux et docile, ou au contraire triste, grognon, insatisfait, présentant des troubles somatiques, à la recherche d’amour…

Les études s’intéressant au développement et à l’adaptation des membres d’une fratrie incluant une personne porteuse d’autisme (ou plus généralement de handicap), ont constaté la récurrence de certaines problématiques au sein de ces fratries. Il faut cependant garder en tête le fait que de chaque fratrie est unique et le fait que les interactions d’une infinité de facteurs et de caractéristiques (qu’il s’agisse de caractéristiques structurales ou encore d’évènements de la vie) influencent le développements de ces fratries d’une manière singulière et unique.

Problématiques les plus souvent rencontrées chez les frères et sœurs 

Différentes études scientifiques ont relevé différents points récurrents que peuvent rencontrer les fratries d’enfants TSA :

  • Des interrogations sources d’angoisses : Les enfants peuvent éprouver «énormément d’interrogations sur eux-mêmes, sur leur identité, sur leur santé, sur leur avenir» (DAVTIAN, 2010). En effet, les enfants se posent des questions, dont l’absence de réponse peut provoquer des angoisses. Ils s’interrogent sur eux-mêmes, sur leur frère ou sœur, sur le futur avec l’enfant porteur de handicap ou encore sur la détresse des parents.
  • Qualité de vie et santé mentale : Un grande majorité des frères et sœurs peut se sentir en danger, en pensant que la trouble peut avoir des répercussions sur lui. Il peut alors :
    1. « Prendre de la distance avec son frère ou sa sœur
    2. Mettre au défi sa propre santé psychique en se mettant dans des situations à risque ou en expérimentant leur capacité à faire face.
    3. Le repli sur soi » (DAVTIAN, 2010)
  • Manque d’information sur le handicap : «60% des frères et sœurs estiment avoir besoin d’informations» (DAVTIAN, 2010) 
  • Le conformisme caractérise les enfants qui semblent trop «normaux». Ils sont sages et parfois trop prudents. Ils ont peur de devenir un poids et de déranger leurs parents qu’ils sentent généralement trop en souffrance, et préoccupés par le handicap. Ainsi, ils essayent de s’effacer en se mettant en retrait et en adoptant l’attitude que l’on attendrait d’eux, s’empêchant ainsi d’exprimer leurs émotions et les différentes facettes de leur personnalité. (A. WINTGENS et J-Y. HAYEZ, 2003)
  • Culpabilité : L’enfant peut penser que le trouble de son frère/sa sœur est de sa faute, il peut aussi culpabiliser du fait de ne pas se sentir à la hauteur vis à vis de ses parents. L’enfant peut penser qu’il ne les aide pas assez ou peut avoir peur de représenter un poids en plus pour eux. (A. WINTGENS et J-Y. HAYEZ, 2003) Cette culpabilité peut se manifester sous différentes formes et peut provoquer chez l’enfant certains symptômes tels que le conformisme, des angoisses, de la dépression…
  • Manière préoccupante d’attirer l’attention : Afin d’attirer l’attention des parents, certains enfants peuvent développer certains troubles tels que des troubles du comportement, des troubles scolaires ou se plaindre de troubles somatiques (en amplifiant de réels troubles ou en les créant).
  • Parentification et bonne image de soi : Les enfants de la fratrie ont parfois tendance à se comporter comme des parents auprès de leurs frère ou sœur porteurs(e)s d’autisme, se préoccupant sans cesse du bien-être de son frère ou de sa sœur, et en s’adaptant à ses besoins. En adoptant ce rôle, l’enfant cherche à décharger ses parents en les aidant le plus possible, oubliant parfois leur propre rôle d’enfant. Muriel MEYNCKENS-FOUREZ (2007) explique ce processus de parentification par la présence de culpabilité ou du sentiment de responsabilité.
  • Sentiment d’être délaissé : La fratrie peut se sentir délaissée, victime d’injustice. Mais elle n’ose pour autant pas toujours l’exprimer aux parents pour diverses raisons (peur de déranger, d’être un poids, culpabilité…).
  • Confrontation à l’impuissance : Certains enfants essayent malgré tout et par tous les moyens de « guérir » leur frère ou sœur atteinte de handicap, de par des rituels magiques ou en donnant beaucoup d’eux-mêmes. En grandissant, ils se rendent compte que ce n’est pas possible et se trouvent ainsi face à un sentiment d’impuissance qu’ils doivent « intégrer et accepter petit à petit » (A. WINTGENS et J-Y. HAYEZ, 2003.

Développement de ressources et capacités dans les fratries des d’enfants porteur d’autisme

WINTGENS et J-Y HAYEZ se sont cependant intéressés aux « répercussions positives » et qualifient cette « adaptation positive » de « résilience ». La résilience peut être définie comme « la capacité d’une personne à surmonter les traumatismes de la vie. » (F. SELMI, 2014). Cependant, la compréhension du handicap par la fratrie est nécessaire pour que l’enfant puisse vivre au mieux avec un frère ou une sœur atteinte d’autisme. Les principales ressources et capacités que A. WINTGENS et J-Y HAYEZ dans leur article intitulé « Le vécu de la fratrie d’un enfant souffrant de handicap mental ou de troubles autistiques : résilience, adaptation ou santé mentale compromise », en 2003 ont relevé sont les suivantes :

  • Un enrichissement de la maturité, un souci de bienveillance et un désir de faire plaisir et d’intégrer l’enfant dans des activités familiales.
  • Une plus grande tolérance de la fratrie et davantage d’empathie envers les autres (qu’ils soient porteurs de handicap ou non).
  • Les fratries ont tendance à mieux assumer leurs propres différences et leurs ressemblances.
  • Moins de compétition dans la fratrie.
  • Plus de facultés adaptatives et pensée plus souple.

Objectifs d’une consultation de soutien et d’accompagnement

Les consultations (qu’elles soient en suivi ou plus ponctuelles) :

  • Sont adaptées à chaque enfant, selon la demande et les problématiques rencontrées.
  • Un moment privilégié dédié à l’enfant, dans un espace neutre, avec pour objectif une écoute active et une compréhension des difficultés qu’il rencontre. L’enfant sait qu’il ne sera pas jugé et pourra faire part au thérapeute des différentes questions qu’il se pose et des problématiques qu’il rencontre, qu’il s’agisse de problématiques liées au trouble ou à la relation avec son frère/sa sœur, ou tout simplement d’autres problématiques de sa vie de tous les jours.

Les sentiments d’être écouté et de pouvoir partager leur ressenti sont importants pour que les fratries ne se sentent pas délaissées

Le thérapeute a aussi un rôle de psychoéducation sur le Trouble du Spectre de l’Autisme. Il pourra alors expliquer ce trouble à l’enfant et répondre à ses questions de manière ludique et avec des mots et des supports adaptés à son âge et sa compréhension.

La compréhension du handicap par la fratrie est nécessaire pour que l’enfant puisse vivre au mieux avec un frère ou une sœur atteinte d’autisme.

Bibliographie de la page

–  HOWE, N., RECCHIA., H., (2015) Les relations fraternelles et leur impact sur le développement de l’enfant, Department of Education and Centre for Research in Human Development, Concordia University, Canada.  

–  JOUSSELME, C. (2003) ; Handicap de l’enfant et fratrie : les enjeux d’une relation particulière. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (51). 373-376

–  KAMINSKY , L., DEWEY , D., (2001) Sibling relationships of children with autism. Journal of Autism and Developmental Disorders.

–  SCELLES, R. (2004). La fratrie comme ressource. Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux, no 32,(1), 105-123.

–  SCELLES, R., BOUTEYRE, E., DAYAN, C., PICON, I. (2007) « Groupes fratries » d’enfants ayant un frère ou une sœur handicapé : leurs indications et leurs effets. Revue francophone de la déficience intellectuelle (18), 32-44

–  SELMI, F. (2014). La fratrie de l’enfant autiste. Enfances & Psy , 62, 152-162.

–  VINAY, A., JAYLE, S. (2011) Faire fratrie : réflexions autour du lien fraternel. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (59), 342-347

–  WINTGENZ, A. HAYEZ, J-Y. (2003), Le vécu de la fratrie d’un enfant souffrant de handicap mental ou de troubles autistiques : résilience, adaptation ou santé mentale compromise. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 51. 377-384

–  BAGHDALI, A. (2007). Intervention éducatives, pédagogiques et thérapeutiques proposées dans l’autisme. Paris: Ministère de la Santé et des Solidarités.

–  BASQUIN, N. (2003) Approche de la fratrie des enfants handicapés. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (51), 361-365

–  CLAUDON, P ., DE TYCHEY , C., LIGHEZZOLO, J., ROCHE, G., CLAUDEL, S. (2007). Représentation de soi chez des enfants de fratries avec un enfant autiste. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (55). 389-400

–  DAVTIAN, H. (2010). Le handicap psychique et son retentissement sur la fratrie. Annales Médico-Psychologiques , 168, 773-775.

–  DAYAN, C. P. (2006). Groupes pour les frères et soeurs d’enfant malade ou handicapé: état de la question. Pratiques psychologiques , 12, 221-238.

–  GIRARDOT, A-M., DE MARTINO, S., REY, V., POINSO, F.(2009) Étude des relations entre l’imitation, l’interaction sociale et l’attention conjointe chez les enfants autistes. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (57), 267-274