Troubles disruptifs, du contrôle des impulsions et des conduites
Quand les impulsions irresistibles et incontrôlables deviennent pathologiques
Les personnes concernées par ces troubles ne peuvent résister à l’envie de faire quelque chose, c’est-à-dire une impulsion, une pulsion ou une tentation, alors que le passage à l’acte est nuisible à l’individu ou à son entourage. Les personnes éprouvent un sentiment d’excitation et de plaisir avant l’acte, et une satisfaction ou une détente au moment de l’accomplissement de l’acte.
Trouble explosif intermittent
Les accès agressifs impulsifs (ou de colère) dans le trouble explosif intermittent surviennent rapidement et, spécifiquement, après peu ou pas de période prodromique. Les accès durent typiquement moins de 30 minutes et surviennent en réponse à une provocation mineure par une personne proche ou intime. Les sujets ayant un trouble explosif intermittent ont souvent des accès moins graves d’agressivité verbale et/ou d’agressivité physique sans conséquences dommageables, ni destructions, ni blessures entre des accès agressifs/destructeurs plus graves. Le critère A1 définit des accès agressifs fréquents (c.à-d. survenant deux fois par semaine, en moyenne, durant une période de 3 mois) caractérisés par des crises de colère, des diatribes, des disputes ou des altercations verbales, ou d’une gravité n’ayant pas pour conséquence d’endommager ou de détruire des biens matériels ni de blesser physiquement des animaux ou d’autres personnes. Le critère A2 définit des accès agressifs impulsifs non fréquents (c.-à-d. trois accès survenant durant une période d’un an) caractérisés par la détérioration ou la destruction d’un objet, indépendamment de sa valeur tangible, ou par l’agressivité/l’action de frapper ou de faire mal d’une autre façon à des animaux ou à d’autres personnes. Indépendamment de la nature de l’épisode agressif impulsif, la caractéristique centrale du trouble explosif intermittent est l’échec du contrôle des comportements agressifs impulsifs en réponse à une provocation subjective (c.-à-d. un stress psychosocial) qui n’aboutirait pas typiquement à un épisode explosif agressif. Les accès agressifs sont généralement impulsifs et/ou de colère, plutôt que prémédités ou instrumentalisés et ils sont associés à une détresse significative ou une altération du fonctionnement psychosocial.
Trouble des conduites
La caractéristique essentielle du trouble des conduites est un ensemble de conduites répétitives et persistantes, dans lequel sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes et règles sociales correspondant à l’âge du sujet. On peut classer ces conduites en quatre catégories principales : conduites agressives où des personnes ou des animaux sont blessés ou menacés dans leur intégrité physique; conduites où des biens matériels sont endommagés ou détruits; sans agression physique; fraudes ou vols; et violations graves des règles établies. Trois comportements caractéristiques (ou plus) doivent avoir été présents au cours des 12 derniers mois, et au moins un au cours des 6 derniers mois. La perturbation du comportement entraîne une altération cliniquement significative du fonctionnement social, solaire ou professionnel. Les comportements caractéristiques se produisent habituellement dans des contextes variés, comme à la maison, à l’école ou à l’extérieur. Les sujets atteints de trouble des conduites ont une tendance à minimiser leurs problèmes de comportement, ils peuvent n’avoir qu’une connaissance limitée des problèmes, du fait d’un manque de surveillance ou parce que l’enfant ne leur dit pas ce qu’il fait. Les sujets ayant un trouble des conduites déclenchent souvent les hostilités ou réagissent agressivement envers les autres. Ils peuvent se montrer brutaux, menaçants ou avoir des comportements d’intimidation (dont la brutalité par messagerie sur les réseaux sociaux par internet), commencer des bagarres, utiliser une arme susceptible de blesser sérieusement autrui (p. ex. un bâton, une brique, une bouteille cassée, un couteau, une arme à feu), faire preuve de cruauté physique envers des personnes ou des animaux, commettre un vol en affrontant la victime (p. ex. agression, vol de sac à main, extorsion d’argent, vol à main armée) ou contraindre quelqu’un à avoir des relations sexuelles. La violence physique peut aller jusqu’au viol, aux coups et blessures et, dans de rares cas, jusqu’à l’homicide. Un autre trait caractéristique du trouble est la destruction délibérée de biens appartenant à autrui ; il peut s’agir d’un incendie volontaire avec intention de provoquer des dégâts importants ou de la destruction délibérée du bien d’autrui par d’autres moyens (p. ex. briser les vitres d’une voiture, commettre des actes de vandalisme à l’école). Les actes frauduleux ou les vols possibles comprennent par exemple le fait de pénétrer par effraction dans une maison, un bâtiment ou une voiture appartenant à autrui, le fait de mentir ou de trahir des promesses afin d’obtenir des biens ou des faveurs ou pour échapper à des dettes ou à des obligations (p. ex. « arnaquer » les autres), de voler des objets d’une certaine valeur sans affronter la victime (p. ex. vol à l’étalage, contrefaçon, fraude).
Pyromanie
La caractéristique essentielle de la pyromanie est le fait de mettre plusieurs fois le feu de manière délibérée et réfléchie. Ces personnes éprouvent une tension ou une excitation émotionnelle avant l’acte. Il y a une fascination, un intérêt, une curiosité ou une attirance pour le feu et pour tout ce qui s’y rapporte (p. ex. matériel, utilisation, conséquences). Ces sujets figurent souvent parmi les badauds quand il y a un incendie dans leur quartier ; ils déclenchent parfois de fausses alarmes et ils se passionnent pour les institutions, les équipements et les personnes qui interviennent dans la lutte contre les incendies. Ils fréquentent parfois la caserne des pompiers de leur quartier, ils allument des incendies pour pouvoir être au contact des pompiers ou peuvent même devenir pompiers eux-mêmes. Ces sujets ressentent du plaisir, de la gratification ou du soulagement en allumant des incendies, en les contemplant ou en participant aux évènements qui en résultent. Le feu n’est pas allumé pour un bénéfice commercial ni pour manifester une idéologie sociopolitique, effacer les traces d’une activité criminelle, exprimer la colère ou la vengeance, améliorer ses conditions de vie, ni en réponse à des idées délirantes ou à des hallucinations. Il ne s’agit pas non plus d’un trouble du jugement (p. ex. dans le trouble neurocognitif majeur, ou le retard mental / trouble du développement intellectuel).
Kleptomanie
La caractéristique essentielle de la kleptomanie est l’impossibilité répétée de résister à l’impulsion de voler des objets qui ne sont dérobés ni pour un usage personnel ni pour leur valeur commerciale. La personne éprouve une sensation croissante de tension avant de commettre le vol puis du plaisir, de la tarification ou du soulagement au moment de passer à l’acte. Le vol n’est pas commis pour exprimer la colère ou la vengeance, ni en réponse à des idées délirantes ou à des hallucinations. Le vol n’est pas mieux expliqué par un trouble des conduites, un épisode manquant ou un trouble de la personnalité antisociale. Les objets sont dérobés alors qu’ils ont généralement peu de valeur pour l’individu qui aurait facilement pu les payer ; ils sont souvent donnés ou abandonnés après le larcin. Le sujet thésaurise parfois les objets dérobés ou les remet à leur place en cachette. Ces personnes ne vont généralement pas voler quand elles risquent d’être arrêtées sur le champ (p. ex. sous les yeux d’un policier). Cependant, elles ne préméditent habituellement pas leurs larcins et n’évaluent pas réellement le risque d’arrestation. Le vol est fait sans l’aide ni l’assistance d’autrui.
Source : DSM-5 – Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (2015)